Concours : réunion des trois conseils du 14 janvier 2009

Publié le par liste PAR

Les Trois conseils ont été réunis le mercredi 14 janvier pour débattre des masters "métiers de l'enseignement".

Lors de ce conseil, en plus d'interventions individuelles, la liste PAR s'est exprimée ainsi :

L’analyse des élus PAR repose d’abord - il est important de le rappeler - sur un certain nombre de faits qui sont autant de témoignages de l’ample mobilisation qui accompagne la réforme des concours et son corollaire, la mise en place de nouvelles formations aux métiers de l’enseignement. Il est en effet manifeste que cette réforme fait quasiment l’unanimité contre elle et jamais sans doute autant d’organisations ne se sont retrouvées pour dénoncer une réforme mal pensée et mal appliquée.

Cette défiance à l’égard du projet ministériel s’est traduite dans notre université par le vote en CA d’une motion présentée par Christophe Pébarthe pour la liste PAR. Cette motion votée à l’unanimité des présents le 22 octobre 2008 demandait « que ce projet de réforme fasse l'objet d'un moratoire et que les ministres de l'Éducation Nationale et de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche s'engagent sur la tenue de concours de recrutement des enseignants se déroulant pour l'année 2009-2010 selon les modalités en vigueur pour l'année 2008-2009. Il demand[ait] enfin l'ouverture immédiate d'une négociation avec l'ensemble des acteurs du système éducatif, sans préalable. »

Nous avons proposé également au CEVU, au nom des élus PAR, que notre conseil soit signataire de l’appel du 8 novembre que nombre d’entre nous ont signé à titre individuel mais qui a également recueilli des signatures institutionnelles. Notre CEVU, également à l’unanimité, a signé cet appel le 28 novembre.

Mais au-delà des conseils centraux, les UFR ont largement débattu et réfléchi sur l’opportunité ou non de répondre à l’appel à maquettes. A ce jour, l’UFR d’Histoire, l’UFR de philosophie, l’UFR de Géographie et aménagement (unanimité), l’UFR d’Etudes ibériques et ibéro-américaines, l’UFR des Pays anglophones,  ont voté le refus de déposer des maquettes, certains votes étant assortis de conditions.

L’UFR de Lettres a choisi, elle, de signer l’appel du 8 novembre.

Bref, l’accueil de cette réforme dans notre université a déjà déclenché une franche hostilité et il nous semble que la réunion des trois conseils aujourd’hui doit en prendre acte et formaliser plus fortement encore notre volonté de signifier notre opposition.

Mais surtout, nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas seuls dans ce combat et que d’autres universités ont déjà clairement manifesté leur décision de ne pas répondre à l’injonction du ministère.

Nous rappellerons ainsi que les instances représentatives des universités de Montpellier 3, de Rennes 2, de Paris III, Paris IV, Paris 8, Paris X, de Toulouse 2 et du Havre ont voté le refus de présenter des maquettes de master métiers de l’enseignement.

En fait d’autonomie, tout est pensé aujourd’hui pour mettre surtout les universités en concurrence, nous le savons. Il ne tient qu’à nous de nous organiser pour résister à cette logique et refuser de subir des réformes que nous savons pernicieuses et néfastes. Bien sûr, la tentation est grande de rentrer dans cette mécanique de peur de se voir disqualifié par notre tutelle, mais nous aurions tort de sacrifier nos convictions fondamentales sur l’autel d’une bataille à courte vue. Il en va de la crédibilité à long terme de notre institution, de nos missions et de nos métiers.

Même si nous ne nions pas que la conception des concours d’enseignement devrait être affinée et tenir compte davantage des réalités professionnelles, même si nous ne nions pas que la formation des enseignants mériterait d’être améliorée, même si nous ne sommes pas a priori hostile à l’idée d’une réforme, nous considérons que celle-ci va dans le mauvais sens et que, loin de veiller à garantir une insertion professionnelle pérenne comme nous y invite plus fortement que jamais la loi LRU, elle met au contraire en péril la qualité de la formation de nos étudiants et leur avenir professionnel. Il en va de notre responsabilité d’élus comme de celle de pédagogues de dire haut et fort notre opinion.

Il est d’abord de notre responsabilité politique de dénoncer l’idée sous-tendue par cette réforme : transformer l’emploi statutaire de la fonction publique en emploi vacataire, la formation diplômante venant clairement à terme se substituer à la réussite au concours. Voulons-nous cautionner le recours à l’emploi vacataire par les chefs d’établissement ? Voulons-nous participer sans aucune garantie à la mise en place d’un système qui précarisera rapidement les métiers de l’enseignement ?

Il en va ensuite de notre responsabilité de pédagogues, et je m’adresse là plus particulièrement aux enseignants et enseignants-chercheurs de cette assemblée. Nous devons refuser une réforme qui d’une part conduirait à la réduction de la part des épreuves « disciplinaires » dans le recrutement des enseignants du secondaire, et qui d’autre part prévoit des masters agrégeant simultanément enseignement non-disciplinaires, stages et préparation au concours à faible contenu disciplinaire, rendant absolument irréalisable l'objectif par ailleurs affiché de véritable formation à la recherche. Sous couvert fallacieux d'un allongement de la formation et d'une hausse du niveau de diplôme, cette réforme aboutirait à une dévalorisation de facto du niveau des enseignants dans la discipline qu'ils vont enseigner, et vise à en faire des techniciens d'une pédagogie privée de contenu. Elle fragiliserait les enseignants dans la maîtrise de leur discipline, elle exacerberait une rupture entre enseignement et recherche, entre technique et savoir. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas souscrire à une telle offensive contre les savoirs et la pensée critique.

Enfin, en supprimant l'année de stage salariée pour la remplacer par quelques stages non-salariés dans le cadre de l’année de Master 2, l'Etat transfère aux étudiants eux-mêmes la charge financière de ces stages, dont, par ailleurs, l'efficacité en terme d'expérience et de formation diminue proportionnellement à leur durée puisque d'une année, on passerait à quelques semaines. Nous soutenons qu’il convient que la formation professionnelle se déroule après le concours, comme actuellement, ce qui permet d'une part de renforcer le disciplinaire pendant l'année du concours, et d'autre part de lier la formation professionnelle et didactique à une pratique réelle, et pas à de simples stages.

Nous nous en tenons à ces quelques arguments, d’autres ont déjà été soulevés. Nous voyons bien à quel point nous devons nous opposer à cette réforme nous qui, trop souvent, nous contentons d’obéir sagement, nous qui parfois nous réveillons trop tard - nous l’avons vu encore récemment au moment de la LRU.  Nous devons refuser cette réforme et la précipitation dans laquelle elle veut se mettre en place, précipitation d’autant plus étrange que le gouvernement marque une sérieuse hésitation sur la réforme des lycées.

En conséquence, nous demandons que les trois conseils votent une motion appelant à un moratoire sur la réforme des concours et l’ouverture de négociations sans préalable et annonçant notre refus de participer à tout dépôt de maquette y compris au niveau interuniversitaire. Cette motion doit également, à notre sens, explicitement inviter le PRES de Bordeaux et son Président à veiller à ce qu’aucune maquette de master enseignement concernant nos disciplines ne soit déposée. Un tel geste serait en parfaite contradiction avec la logique de concertation et de collaboration promue par le PRES et reviendrait ainsi à mettre gravement en cause ses principes fondateurs.

C’est à notre sens de cette manière, et de cette manière seulement, que nous pourrons peser fortement sur de futures négociations avec le ministère d’ici le 15 février, et au-delà.


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